Crotalus cerastes : quels effets neurotoxiques ?

Crotalus cerastes : quels effets neurotoxiques ?
Crotalus cerastes - Photo de Daniel Heuclin/Nature Picture Library

Les envenimations vipérines causent généralement des des lésions tissulaires locales et des effets hématologiques, notamment une thrombocytopénie et une coagulopathie.

Les effets neurotoxiques sont rares et surtout connues de Crotalus scutatus. Ce dernier possède en effet "la toxine de Mojave", une neurotoxine pré-synaptique qui bloque les transmissions nerveuses. D'autres cas de neurotoxicités sont connus, notamment de Crotalus horridus, Crotalus atrox, Crotalus helleri et Crotalus concolor.

Aussi, jusqu'à cette victime mordue en 2014, Crotalus cerastes n'était pas connu pour provoquer des effets neurotoxiques.

Le patient a, immédiatement après la morsure, ressenti une douleur brûlante ainsi qu'un engourdissement du pied et des orteils.

En quelques minutes, la douleur s'est propagée jusqu'au genou. Le patient a ensuite développé des nausées et une dyspnée, qui se sont résorbées avant son transport par hélicoptère, 60 minutes après l'envenimation.

Points d'insertions des crochets du Crotalus cerastes ayant permit l'envenimation.

Bien que les signes vitaux, 2h après la morsure, étaient stables, l'examen physique a révélé une apparence générale maladive, une petite lésion ecchymotique sur la face latérale dorsale du pied droit sans gonflement, une faiblesse des orteils droits, une diminution de la sensibilité de la moitié distale du pied droit, y compris les orteils, et des fasciculations prononcées de la musculature antérieure de la cuisse.

Le lendemain, les signes cliniques étaient toujours stables malgré une légère ecchymose. Le patient a été traité à la morphine pour apaiser l'intense douleur mais aucun signes préoccupant ne justifiait l'utilisation de sérum antivenimeux.

Points d'insertions des crochets et légère écchymose

Le venin de Crotalus cerastes n'est pas si bénin que ça. Le patient a eu des nausées, était anorexique et incapable de se déplacer sans aide. Il a développé une injection conjonctivale bilatérale et un ptosis (les effets neurotoxiques).

Il a pu rentré chez lui lors du 5ème jour et c'est lors de son contrôle, 10 jours après la morsure, qu'il a signalé des douleurs épigastriques intermittentes qui l'empêchaient de prendre ses repas, des douleurs thoraciques atypiques et des paresthésies légères persistantes. Sa faiblesse du côté droit s'est améliorée mais il a eu besoin d'une canne pour se déplacer.

L'envenimation par le serpent à sonnette Crotalus cerastes peut être associée à des effets neurotoxiques, notamment des paresthésies, des fasciculations et des faiblesses. Les symptômes peuvent évoluer dans les jours qui suivent l'envenimation.

Il n'est pas prouvé que l'antivenin dédié aux crotalidés, FabAV, conçu à partir de 4 autres espèces puissent inverser ou aggraver les effets neurotoxiques, l'inversion ayant réussi sur Crotalus atrox et Crotalus  scutatus, mais pas sur Crotalus  helleri.

De ce fait, et concernant Crotalus cerastes, cela n'est pas prouvé et les effets n'étaient médicalement pas assez important pour prendre le risque.

Source :

Bosak, A. R., Ruha, A.-M., & Graeme, K. A. (2014). A Case of Neurotoxicity Following Envenomation by the Sidewinder Rattlesnake, Crotalus cerastes. Journal of Medical Toxicology, 10(2), 229–231. doi:10.1007/s13181-013-0373-0